Alors que l’Euro de Football amputé est en cours à Evian, les Bleus comptent sur cet événement pour obtenir la reconnaissance qu’ils réclament depuis des années auprès de la Fédération Française de Football (FFF) et de la Fédération Française du Handisport (FFH). Parmi les 16 pays en lice de cette compétition, l’Ukraine, l’Angleterre ou la Turquie par exemple, ont décidé d’intégrer cette discipline à leur fédération nationale mais la France peine encore a reconnaître ces athlètes comme tel.

La balle file entre les joueurs dans une valse de béquilles et d’hommes. Jerome Raffeto, l’attaquant français, prend appui sur sa canne, s’élance, frappe et marque. Le football amputé est acrobatique sinon spectaculaire. L’Equipe de France de Football Amputé (EFFA) a brillé en début d’Euro en terminant deuxième de son groupe, avant de voir s’échapper l’accès aux demi-finales en perdant contre l’Angleterre. Contrairement aux anglais, équipe professionnelle, l’EFFA est une association. Ce statut n’a pas évolué depuis la création du groupe en 2007, ce qui explique les difficultés qu’elle peut rencontrer dans les rendez-vous internationaux. Lorsqu’une fédération nationale est derrière un club, elle offre à ses membres un statut d’athlète et les moyens nécessaires à la bonne pratique du sport.
Jerome Venzo, directeur sportif de l’EFFA regrette que la situation n’évolue pas dans leur sens. Présent depuis les premières heures, il explique que les discussions entre les bénévoles de l’association et les représentants de la FFH et de la FFF existent mais ne sont pas fructueuses. Malgré des promesses le football amputé reste une discipline de l’ombre en France.
Une reconnaissance à deux vitesses
En 2022, grâce à Marcin Oleksy, joueur polonais, la discipline est placée sous le feu des projecteurs. En remportant le Prix Puskas de la FIFA, prix récompensant le plus beau but de l’année, le football amputé devient surprenant et attrayant. A tel point qu’en 2023, Giovanni Infantino, alors président de l’instance dirigeante du foot mondial, promet une plus grande visibilité à ce sport dans le paysage footballistique. Dans le même temps la Fédération internationale de Football Amputé (WAFF) profite de la Coupe du Monde 2023 pour lancer son programme féminin.
Alors que la discipline a le vent en poupe à travers le monde, que les pays européens professionnalisent les clubs et les intègrent aux fédérations nationales, en France la réalité est tout autre. Sami El Gueddari, directeur technique national au sein de la FFH, explique : « Pour les compétitions internationales, la Fédération accompagne seulement les sports reconnus par le ministère ». Or ce n’est pas le cas pour le football amputé. « Les critères du ministère sont très mathématiques : le nombre d’adhérents, le nombre de pays où c’est joué etc. ». Plusieurs de ces critères sont respectés puisque le sport est pratiqué dans plus de 50 pays à travers cinq continents mais le nombre d’adhérents reste relativement faible avec 5 000 joueurs.
L’EFFA souffre de cette non reconnaissance. D’un coté sa participation aux évènements internationaux n’a pas de valeur officielle à l’échelle nationale de l’autre coté son statut amateur témoigne d’un manque d’intérêt de la part même de l’Etat.
Entre l’Euro organisé en France et l’équipe de cécifoot en porte drapeau des paralympiques, l’EFFA a bon espoir d’une reconnaissance complète de la part des instances nationales dans un avenir proche.