Inter / Pol

Société

Sport

Culture

Reportages

Flash

À l’occasion du mois des fiertés, la communauté LGBTQIA+ organise plusieurs journées et marches pour revendiquer les droits de chacun et donner de la visibilité aux différentes orientations sexuelles. 

Le mois des fiertés est célébré chaque année en France au mois de juin. Durant cette période, les membres de la communauté LGBTQIA+ célèbrent non seulement leur orientation sexuelle et leur identité de genre mais c’est aussi l’occasion pour eux de se battre pour leurs droits. Aussi, les journées des fiertés rendent hommage à leur première victoire : la première Pride qui s’est déroulée il y a 47 ans dans les rues de Paris. Si cette dernière a pu avoir lieu, c’est grâce aux émeutes de Stonewall aux Etats-Unis en 1969. Elles sont déclenchées suite à une descente des forces de police dans un bar gay de New York, situé au Stonwall Inn. Un groupe de personnes bisexuelles, gays, lesbiennes et transgenres se sont alors rebellés contre elles. 

Bien que le mois entier soit dédié à la visibilité et à la célébration de cette diversité, de nombreuses voix s’élèvent pour souligner l’importance de consacrer des journées spécifiques pour chaque appartenance sexuelle et identité de genre. Alors, pourquoi est-ce crucial ? 

Une communauté aux différents enjeux 

Orange, jaune, violet, bleu, vert et rouge, tant de couleurs qui unissent le drapeau officiel LGBT. Mais depuis 2018, le drapeau LGBTQIA+ domine les parades avec ses couleurs grise, rose, bleu ciel, marron et noir combiné au drapeau arc-en-ciel. Derrière le drapeau, chacun mène des combats séparés avec sa propre journée. C’est le cas de Yacine, 22 ans, qui attend impatiemment la Gay Pride, le 29 juin prochain, pour des raisons personnelles mais aussi dans l’espoir de faire bouger les lignes “Il est très important pour moi de me prouver que mon homosexualité n’a rien de contre nature. Je dois pouvoir ressentir que je suis l’égal de chacun et non inférieur aux autres. Il y a bien trop d’endroits sombres dans le monde où les gens n’en sont pas fiers. Je veux prouver au monde qu’il est possible de pouvoir vivre son identité aujourd’hui et que cela ne me rend pas plus faible.”

Être fier de ce que l’on est, c’est tout l’objectif des journées dédiées à chacune des orientations sexuelles et identités de genre qui englobent la communauté LGBTQIA+. On retrouve notamment la journée de la bisexualité le 23 septembre, la journée de visibilité transgenre qui a lieu le 31 mars, la journée internationale de l’asexualité, le 6 avril ou encore la journée des lesbiennes le 26 avril. Une question se pose : pourquoi faire des journées séparées ? “Les personnes bisexuelles peuvent rencontrer des difficultés et des préjugés aussi bien dans la communauté homosexuelle qu’hétérosexuelle par exemple et peuvent ne pas se sentir à leur place. On sait aussi que les personnes transgenres sont souvent confrontés à des taux de violence et de descrimination extrêmement disproportionnés”, explique Sasha, activiste au Centre LGBTQIA+ de Paris et d’Ile-de-France. Un sujet préoccupant puisque dans son rapport, en 2023, l’association SOS Homophobie a enregistré 2 377 cas d’agressions homophobes et 500 cas de violences transphobes. Des chiffres en hausse par rapport aux années 2021 et 2022 où l’on recensait 1 500 témoignages.  

Marche des fiertés à Strasbourg le 9 novembre 2019. Crédit : Margaux Bellot avec Unsplash (banque d’images libre de droit).

Des journées dans une démarche politique

Alors, est-ce que les journées consacrées aux différentes orientations sexuelles et aux identifications de genre au sein de la communauté LGBTQI+ ont un réel impact sur les droits LGBTQIA+ ? En 2021, la deuxième marche lesbienne en France a été vouée en faveur de l’accès à la PMA pour toutes. “Il s’agissait d’une marche importante pour les droits des couples lesbiens. Jusqu’ici les femmes célibataires ou lesbiennes n’y avaient pas accès. Revendiquer ce droit dans les rues de Paris avec plus de 10 000 personnes a eu un réel impact sur la loi”, affirme Sasha. Une marche qui s’est faite entendre puisque quelques mois plus tard, en septembre 2021, la loi a ouvert la PMA pour toutes. 

Même s’il y a eu une évolution pour les droits lesbiens, ce n’est pas le cas pour les droits des personnes transgenres. Le 28 mai dernier, le Sénat a adopté une proposition de loi du parti Républicain visant l’interdiction de traitements hormonaux pour les mineurs ainsi que le contrôle strict des prescriptions de “bloqueurs de puberté”. Ces derniers permettent d’arrêter le développement des caractères sexuels secondaires tels que la poitrine, la pilosité et la voix qui symbolisent le genre auquel le mineur ne s’identifie pas. Pour Sasha, c’est un combat perdu. “On a manifesté le 5 mai pour que cette loi ne soit pas adoptée. Selon nous et plusieurs associations on recense 15 000 personnes transgenres dont 3% sont des mineurs. On a clairement l’impression de ne pas être entendu par les politiques et par l’Etat”, s’insurge-t-elle. Pour toute la communauté LGBTQIA+, les journées spécifiques sont l’occasion d’attirer l’attention des personnalités politiques et de pointer du doigt leurs demandes de droits sociaux même si cela n’aboutit pas toujours à des changements législatifs. “On continuera de manifester malgré les échecs. Ce sont des occasions supplémentaires de mettre en avant des problématiques cruciales et de faire pression pour des changements législatifs et sociaux”, ajoute Sasha. 

En fin de compte, le Mois des fiertés est une période de célébration et de solidarité pour toute la communauté LGBTQIA+, mais il est crucial de reconnaître et de valoriser la diversité au sein de cette communauté en consacrant des journées spécifiques à chaque appartenance sexuelle et identité de genre. Ces journées augmentent la visibilité, sensibilisent aux enjeux spécifiques, renforcent l’unité, attirent l’attention médiatique et politique. Elles sensibilisent des droits à l’évolution de la communauté mais malheureusement, l’inclusion n’est pas toujours au cœur de la juridiction.

Noah Rabotin