Dans une collaboration novatrice, l’opérateur Télécoop et la coopérative Commown ont uni leurs forces pour transformer les cabines téléphoniques en véritables bijoux technologiques. Le premier prototype verra le jour mi-juin en Alsace.

Les cabines téléphoniques ont connu leur âge d’or au 20e siècle. Crédit photo : ERIC CABANIS / AFP
Composer un numéro dans une cabine en verre, debout, sans sortir son téléphone, tout cela gratuitement… Cela va devenir possible dans la ville de Strasbourg à partir de 2025. Mais qui aurait pu parier sur un concept qui nous semble désormais appartenir à une époque révolue ? La ville pourrait bientôt renouer avec une image nostalgique de son passé : la cabine téléphonique. Mais cette fois, il ne s’agit pas simplement d’un retour en arrière. La coopérative “Commown” (axée sur l’électronique sobre et engagée), en partenariat avec l’opérateur “Télécoop” (premier opérateur télécom coopératif engagé dans la transition écologique et sociale), propose de réinventer ces infrastructures pour le 21e siècle. L’idée est de créer des cabines solidaires, connectées et utiles, notamment en cas de catastrophe climatique. Ces deux partenaires ont deux missions clés : réduire l’impact du numérique sur nos vies et sur l’environnement.
Une histoire de communication publique
Les cabines téléphoniques ont connu leur âge d’or au 20e siècle, devenant des symboles de l’espace public et de la communication accessible à tous. Introduites en France dans les années 1880, elles ont progressivement été intégrées dans le paysage urbain. À leur apogée dans les années 1990, des centaines de milliers de cabines parsemaient le territoire, offrant aux français un service essentiel avant l’avènement des téléphones portables. En 2015, la France a vu disparaître ses dernières cabines téléphoniques publiques, marquant ainsi la fin d’une époque. Si l’idée de ressusciter ces infrastructures peut sembler nostalgique, Commown et Télécoop y voient une opportunité de réinvention pertinente et adaptée aux besoins de notre époque.
Des cabines modernes et solidaires
Les nouvelles cabines téléphoniques ne se contentent pas de rappeler l’époque révolue des répliques vintage ; elles se transforment en outils connectés et pédagogiques. Commown, à la tête de cette innovation, envisage diverses applications pour ces infrastructures, telles que leur installation devant les établissements scolaires afin que les parents retardent l’achat d’un smartphone pour leurs enfants. Une autre utilisation envisagée est la lutte contre la précarité en offrant la possibilité de passer des appels gratuitement.
Selon Romain Rissoan, consultant formateur en digitalisation des entreprises, bien que n’étant pas affilié au projet, trouve que cette initiative recèle un potentiel considérable. « Il s’agit d’une manière excellente de réinventer une infrastructure existante pour répondre aux besoins contemporains. Ces cabines ne sont pas seulement des points de communication gratuits, mais elles peuvent aussi jouer un rôle éducatif et social en offrant un espace de communication exempt de distractions numériques, » affirme-t-il. L’idée de développer ces cabines dans d’autres villes séduit également Romain Rissoan. Pour lui, cette démarche devrait être encouragée, car elle représente une opportunité de réinvention parfaitement adaptée aux besoins actuels. En effet, ces cabines vont bien au-delà de la simple utilité pratique des communications ; elles contribuent également à renforcer le tissu social en créant des espaces propices aux rencontres et aux échanges.
Un atout en cas de catastrophe
De plus, dans un contexte marqué par l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, Romain Rissoan souligne un point crucial pour les cabines à venir : leur capacité à résister à ces conditions climatiques adverses : « La résilience des infrastructures en cuivre constitue un avantage majeur, surtout dans le contexte du changement climatique et des risques croissants ». Avec l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des tempêtes, il devient impératif que les infrastructures puissent faire face à ces événements pour assurer leur fonctionnement et leur durabilité.
Sur les réseaux sociaux, les internautes s’interrogent sur la viabilité des cabines téléphoniques. Les préoccupations majeures concernent les coûts de maintenance et la sécurité des utilisateurs, avec des questions sur la nécessité d’une surveillance adéquate et des mesures de protection contre le vandalisme et les urgences. De plus, l’utilité de ces nouvelles cabines est mise en doute dans un monde largement dominé par les smartphones.
Avec ce projet innovant, Strasbourg pourrait bien devenir un modèle de ville alliant nostalgie et modernité, où le passé et le futur se rencontrent pour créer des solutions solidaires et résilientes. D’autres sondages sur les réseaux sociaux seront réalisés jusqu’à l’installation de la première cabine moderne, notamment pour déterminer quels outils ajouter aux cabines afin de répondre aux besoins des utilisateurs. Le tout premier prototype de cabine remasterisée sera présenté à Strasbourg mi-juin !
Par Eloi Lachenaud