Les tensions entre Anne Hidalgo et Nasser Al-Khelaïfi rendent l’hypothèse d’un déménagement du club imminent. La mairie de refusant de vendre le parc, les dirigeants du club souhaitent construire ailleurs une enceinte plus grande. Les supporters du PSG s’opposent à ce départ rappelant leur attachement au lieu.

La présidence du club parisien souhaiterait augmenter la capacité d’accueil du Parc. L’édifice appartenant à la mairie de Paris, tous travaux sont rendus impossible sans un accord. Credit Photo – Icon Sport
Le Paris Saint-Germain continuera-t-il à évoluer au Parc des Princes ou déménagera-t-il, dans les années à venir, vers un nouveau stade, dans la capitale ou en banlieue ? L’hypothèse d’un départ, longtemps considérée comme impossible, a pris de la consistance ces derniers mois, sur fond de tensions personnelles entre le président du club, le Qatari Nasser Al-Khelaïfi, et la maire de Paris, Anne Hidalgo. Confrontés au refus de la Mairie de leur vendre le Parc des Princes (47 000 places) pour qu’ils puissent y entreprendre, à leurs frais, d’importants travaux d’agrandissement, les dirigeants du PSG se disent prêts à faire construire ailleurs une enceinte plus grande (60 000 à 70 000 places) et plus moderne, dont le club serait propriétaire.
« Le Parc des Princes est en danger »
Cette perspective inquiète fortement de très nombreux supporteurs, décidés à s’y opposer et à le faire savoir. Plusieurs associations et groupements (Collectif Ultras Paris, Groupe « Les 300 », Handicap PSG), soutenus par diverses personnalités du sport et de la culture, ont transmis au Monde une lettre ouverte où ils annoncent leur intention de se mobiliser.
« Le Parc des Princes est en danger, écrivent-ils. Plus le temps passe, plus la menace d’un départ du Paris Saint-Germain se précise. La situation de blocage est telle, entre les dirigeants et la Mairie, qu’une issue négative est plus que jamais à craindre. En tant que supporteurs, nous ne pouvons nous y résoudre. En tant que supporteurs, nous voulons rester au Parc des Princes. Ce stade est notre maison, l’endroit où nous avons tout connu, les moments de bonheur comme les désillusions. Un départ constituerait une rupture majeure avec l’ADN et l’histoire du club. »
Parmi les signataires figurent Lucie Borelli Chamla, fille de Francis Borelli, président « historique » du club dans les années 1980, ou encore Paul et Victor Belmondo, fils et petit-fils de l’acteur, connu pour avoir toujours soutenu le PSG. Citons également Michel Bibard (ancien joueur du PSG, champion olympique) et l’ex-coureur cycliste Thibaut Pinot.
« Bien sûr, il faut que ce stade évolue »
Alors que divers sites ont été évoqués (Saint-Cloud, Aulnay-sous-Bois, Montigny-le-Bretonneux…), les signataires insistent sur le lien particulier noué pendant cinquante ans entre le public parisien et le Parc des Princes : « Notre rêve n’est pas d’avoir la plus grande enceinte du monde, équipée des dernières technologies, poursuivent-ils. L’aura d’un club ne se mesure pas uniquement à son chiffre d’affaires et au potentiel commercial de ses vedettes. C’est aussi, et surtout, une affaire de passion et de transmission. D’identité, aussi. Or le Paris SG a la sienne, à jamais indissociable du Parc. Partir serait une déchirure. Comment imaginer le principal club parisien évoluant hors de la capitale, même à quelques kilomètres ? Bien sûr, il faut que ce stade évolue. Il existe une solution pour le moderniser et l’agrandir, notamment en faisant “descendre” les deux virages à proximité des buts. »
Ces aménagements, qui aboutiraient à la création de tribunes où les spectateurs se tiendraient debout, porteraient la capacité du Parc des Princes à environ 60 000 places. Aux yeux des signataires de la lettre, cette « option » (aménager le stade et non le quitter) est la « seule qui vaille ».
« Notre souhait, écrivent-ils, est donc que les différentes parties renouent le dialogue en ce sens. Hormis la cession [du stade au PSG par la Mairie de Paris], des pistes existent qui permettraient à la fois à la Ville de rester propriétaire de ce monument du patrimoine et au club – un autre “trésor” du patrimoine – d’assurer son développement : un bail emphytéotique de très longue durée pour un loyer modéré, le financement par la Mairie de tout ou partie des travaux, la possibilité pour le PSG d’utiliser des espaces voisins… De tout cela, il faut parler de façon urgente. »
Cet appel au dialogue, relayé notamment par l’artiste Mokobe, le combattant de MMA Yves Landu et le boxeur Khalil El Hadri, s’adresse avant tout à Nasser Al-Khelaïfi et à Anne Hidalgo : « Nous demandons au président du Paris Saint-Germain, de renoncer à son projet de quitter le Parc et la capitale. Nous appelons la maire de Paris, Mme Hidalgo, et les différentes composantes du conseil municipal à tout mettre en œuvre pour permettre un agrandissement qui accompagnerait l’essor du club. » Ils demandent en outre aux anciens joueurs du club de se mobiliser.
Un texte, également signé par l’avocat parisien Cyril Dubois, connu pour faciliter depuis une douzaine d’années les relations entre le club parisien et ses supporteurs, qui se termine par une formule simple : « Le PSG c’est le Parc des Princes, le Parc des Princes c’est le PSG. »
Tobias Claiser avec Service Sports du Monde et l’AFP