L’ancien élu a été acquitté fin mai dans une affaire de soupçons d’emplois fictifs. Cependant, il devra faire face à un autre procès en octobre.

Didier Robert, candidat du parti Les Républicains (LR) durant la campagne des élections régionales de décembre 2015, à Saint-Denis, sur l’île de La Réunion. RICHARD BOUHET / AFP
« Pas de commentaires, bonne journée. » Malgré une relaxe générale dans le procès portant sur des soupçons d’emplois fictifs au sein de son cabinet, Didier Robert (divers droite), ancien président du conseil régional de La Réunion (de 2010 à 2021), a préféré esquiver les journalistes, le 21 mai, à sa sortie du palais de justice de Saint-Denis. Les juges ont estimé que « l’enquête (…) n’a pas permis de réunir les éléments permettant de retenir que les emplois litigieux ont été fictifs en tout ou en partie ». Les faits visaient le recrutement de huit conseillers techniques ou chargés de mission.
Si cet ancien député, sénateur et leader de la droite locale, âgé de 60 ans, a choisi de ne pas célébrer ostensiblement cette victoire judiciaire, à l’image d’autres protagonistes du dossier, c’est en raison de nouveaux rendez-vous qui l’attendent. Dans cette affaire d’emplois fictifs, le parquet de Saint-Denis a décidé de faire appel. Sans compter qu’un autre procès se profile pour Didier Robert.
Une semaine avant la décision du tribunal correctionnel, l’ex-président du conseil régional a été entendu, en audition libre, par la brigade financière du service territorial de police judiciaire, dans le cadre d’une enquête préliminaire sur ses loyers personnels pris en charge par la collectivité entre 2016 et 2020. Une procédure ouverte en 2022 à la suite d’un signalement de la chambre régionale des comptes. L’enquête est désormais bouclée, observe la procureure de Saint-Denis, Véronique Denizot. Le procès est programmé en octobre pour des faits présumés de « détournement de fonds publics, concussion, prise illégale d’intérêts ».
La volonté de se venger
Interrogé sur cette indemnité, l’ancien élu a toujours affirmé qu’elle lui a été versée « de façon légale », et qu’il a décidé de ne plus la percevoir en 2020, après sa décision de se présenter aux élections municipales à Saint-Denis en s’inscrivant sur les listes électorales. Cette indemnité venait jusque-là compenser le loyer d’une maison en location prise uniquement pour lui permettre d’assurer ses fonctions, défend-il.
« Il est passé du statut de président en fonctions à Saint-Denis à celui de résident », appuie son avocat, Me Philippe Creissen, qui dénonce une « erreur complète d’appréciation » de la part du parquet de Saint-Denis de La Réunion sur la nature de l’indemnité. « Après avoir subi une relaxe générale, Mme la procureure fait les fonds de tiroir pour obtenir à tout prix une condamnation de Didier Robert, s’insurge Me Creissen. Nous sommes au fin fond de la vengeance politique. »
Après avoir été condamné, en mai 2021, à quinze mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité pour des rémunérations litigieuses dans la société publique locale Réunion des musées régionaux, Didier Robert a annoncé, six mois plus tard, « renoncer à tout mandat électif », tout en abandonnant son procès en appel. L’entourage de l’ancien élu, devenu restaurateur, et de nouveau éligible, milite toutefois pour son retour en politique lors des élections municipales de 2026, et au sein d’une droite locale en manque de leadership.
Daphnée Cataldo, avec Le Monde et AFP