3 semaines après l’évasion de Mohamed Amra et l’attaque d’un fourgon pénitentiaire, certaines associations sont alarmées par les décisions prises par le garde des Sceaux.

Crédit : Fred Lataste / Hans Lucas.
La Ligue des droits de l’Homme, le syndicat des avocats de France et l’Observatoire des prisons cosignent une lettre adressée à Eric Dupond-Moretti, pour dire leur « profonde préoccupation » au sujet de la réponse « tout sécuritaire » apportée selon elles dans l’urgence par le garde des Sceaux après le drame d’Incarville. Mardi 14 mai, deux agents pénitentiaires avaient été tués dans l’attaque de leur fourgon dans l’Eure, au péage d’Incarville. Trois autres agents avaient été gravement blessés.
Parmi la trentaine de mesures promises par le garde des Sceaux, au-delà des équipements et armements supplémentaires pour les agents chargés des extractions de détenus, on note la limitation des escortes avec le recours pour les détenus à la télémédecine, et à la visioconférence pour les rendez-vous avec les juges.
Des conséquences pour les détenus
Autre piste, la réécriture du texte sur les fouilles à nu, pour en permettre davantage même si la Cour européenne des Droits de l’Homme a souligné leur caractère humiliant. Les organisations qui signent la lettre au ministre s’inquiètent aussi de récentes annulations d’activités sportives ou culturelles en prison. Maître Maugendre, du syndicat des avocats de France, dénonce une « punition collective ». « Il y a eu ce drame, et on va punir tous les détenus », dénonce-t-il. « La réponse n’est que sécuritaire. C’est déjà très tendu dans les prisons en ce moment. On n’a jamais vu une surpopulation aussi importante », rappelle Me Maugendre.
Du côté de la chancellerie, on réfute l’idée du « tout sécuritaire » et on rappelle qu’une large concertation sur la lutte contre la surpopulation carcérale va débuter. Le ministre de la Justice réfléchit avec pragmatisme, ont répondu ses services à franceinfo, en écoutant les syndicats de surveillants pénitentiaires et fera tout pour éviter de nouveaux drames.
Noah Rabotin avec FranceInfo et l’AFP